FUNBOARD - Traversée Tahiti-Tetiaroa et retour. 3 h 25’ 17’’ de conditions extrêmes

Le champion de planche à voile, Robert Teriitehau, s’est lancé un nouveau défi en effectuant dimanche dernier la traversée entre Tahiti et Tetiaroa puis retour. Robert, qui avait prévu de couvrir cette distance de près de 84 km (42 aller, 42 retour) en moins de 3 heures, a finalement dû batailler 3 h 25’ avec un vent favorable certes, mais une mer déchaînée.
Plus spécialisé dans les longues distances, Robert Teriitehau a navigué pour certaines étapes pendant plus de dix heures d’affilée, affrontant des vagues de plusieurs mètres à une vitesse de l’ordre de 35 noeuds. En 1997, il a réalisé la première traversée de l’Atlantique en planche à voile puis, en 2001, la traversée Continent-Corse. Depuis un an maintenant, cette nouvelle idée de rallier Tahiti à Tetiaroa en planche à voile trottait dans sa tête. Il a d’ailleurs voulu défier dernièrement le célèbre navigateur Olivier de Kersauzon et son bateau Geronimo. “La formule 1 des mers contre l’engin le plus rapide du monde, la planche à voile, dans une traversée entre l’atoll de Marlon Brando et l’île de Tahiti”, avait-il déclaré. Ce défi, qui n’a pu avoir lieu pour des raisons de logistique, a toutefois été réalisé en partie dimanche dernier, mais sans le grand navigateur.
Robert Teriitehau a donc pris, lui seul, le départ de cette traversée entre Tahiti et Tetiaroa. Quelques minutes avant le démarrage, les vérifications de sécurité s’imposaient. Un bateau de 45 pieds pour suivre l’athlète, un spécialiste des secours en mer en la personne de Thierry Tchin, une planche de rechange, les appareils de communication et navigation (GPS, Radio HF), fusée à main, téléphones portables, sans oublier la présence de médias locaux et internationaux pour immortaliser l’événement. Tout était donc paré pour le lancement officiel donné à 14 h 30 de l’îlot Martin, sur la côte nord de Tahiti.
Initialement prévu pour durer aux alentours de 1 h 15, le premier tronçon jusqu’à Tetiaroa allait être en fait beaucoup plus difficile que prévu. Certes le vent de 20 à 25 noeuds était régulier, mais la houle d’est-nord-est de 2 m à 3 m n’allait pas arranger les choses. Des creux atteignant parfois les 5 m à l’arrivée àmi-chemin ont ainsi obligé Robert à stopper la traversée durant près de 15 mn après avoir cassé sa planche en deux, à la réception d’un saut. C’est Thierry Tchin qui s’est donc mis à l’eau pour lui fournir sa planche de rechange. Moins adapté à ce genre de conditions, le véliplanchiste a par la suite perdu encore beaucoup de temps sur le parcours. Arrivée au phare de “Tetia”, c’est le demi-tour. Le cap, toujours donné par le bateau suiveur, fait route vers Taaone. Robert, obligé de serré un peu plus au vent, a perdu encore des minutes importantes pour pouvoir garder son cap.
Mais finalement l’équipage et le véliplanchiste sont arrivés à bon port du côté de la passe de Taaone, 3 h 25 après le départ, presqu’à la tombée de la nuit. Un temps loin des espérances du champion, mais qui lui permet toutefois d’avoir une idée des erreurs à ne pas commettre pour la prochaine traversée. D’ailleurs, il est déjà parti sur un projet de compétition entre lui (en planche à voile) et des poti marara, jet ski et autres embarcations à moteur qui voudraient bien le défier dans la traversée Tahiti-Tetiaroa. Amateur s’abstenir.
P. Rossi
Photos : A. Burgaud
Parole à Robert Teriitehau
“Physiquement, la traversée n’était pas trop dure. Ce qui m’a énervé un peu c’est que je suis remonté trop haut sur Tetiaroa, et je suis passé à 5 km au Nord. Il a fallu que je tire des bords pour revenir vers l’atoll et j’ai perdu du temps. J’en ai aussi perdu après ma chute à miparcours puisque j’ai cassé ma planche et arraché mon harnais. Il m’a fallu la changer et la nouvelle planche n’était pas vraiment faite pour ces conditions.
Avec les creux et le vent, cela n’a pas été simple. La houle sur Tetiaroa était impressionnante avec des vagues de 5 m. Le retour était plus difficile et je suis descendu jusqu’à Taaone. Je suis un peu déçu du temps réalisé car j’avais prévu au départ 1 h 10’ pour la descente et 1 h 10 au retour. Avec la casse à mi-parcours, et l’erreur d’être parti du Motu Martin au lieu de Taaone, m’a fait perdre beaucoup de temps. En tout cas c’est à refaire et beaucoup me demandent déjà d’en faire une compétition. Je verrai bien un défi sur cette même traversée entre un véliplanchiste, moi en l’occurrence, et des engins à moteur, style poti marara, jet-ski… afin de savoir qui est le plus rapide dans ces conditions entre la voile ou la machine. Je pense que ce serait un énorme challenge. À méditer.”
