Jean-Claude Ménard et Éric Lauvray critiquent le projet de construction de 12 éoliennes sur le plateau de la Banche, au large de La Baule. Ils préconisent de reculer l'implantation « de 3 km ».
Au secours! L'eau se brouille, les micro-algues prolifèrent, les laminaires disparaissent, et le poisson avec. Deux plongeurs de la baie de La Baule et de la côte sauvage lancent un SOS.
De rage, ils en avaleraient leur tuba ! Éric Lauvray et Jean-Claude Ménard, respectivement osthéopathe et préparateur physique et mental de sportifs, vieux camarades de plongée, n'en finissent pas d'alerter urbi et orbi sur la « dégradation accélérée des fonds marins » de la côte atlantique.
Sur la portion qu'ils connaissent par coeur, depuis 40 ans qu'ils plongent pour taquiner, harpon en main, le bar entre l'estuaire de la Loire et celui de la Vilaine, ils observent « une raréfaction des poissons, des laminaires ». Un phénomène qui serait en pleine accélération.
Ils sont unanimes : « On a vu d'abord une lente dégradation des fonds, puis une chute brutale en 1995. Mais depuis 2005, c'est une chute ver-ti-gi-neuse ! » Comme « 400 zones mortes recensées dans le monde, qui sont toutes des estuaires », cette zone « pourrait devenir, dans cinq ans, une zone morte où il n'y aura plus rien. »
Les pêcheurs, les agriculteurs et la vase
Quelles sont les causes de cette « eau trouble » ? Elles sont multiples. La surpêche : « Il faudrait interdire la pêche pendant la reproduction des poissons, de janvier à mars pour le bar, et indemniser en conséquence les pêcheurs. » Mais les deux plongeurs dénoncent surtout les pollutions dues aux agriculteurs, dans les terres. « Les eaux douces déversent dans l'estuaire des nitrates, des phosphates, des engrais des campagnes, ou le lisier des cochons pour la Vilaine. » Quand il fait beau, au printemps, « cela fait des pics de phytoplancton, des algues microscopiques qui se développent instantanément et bouffent tout l'oxygène, empêchant la photosynthèse. »
À ces invasions d'algues vertes s'ajouterait le bouchon vaseux de la Loire : on creuse la Loire à moins 14 m pour que les bateaux puissent la remonter. Plusieurs millions de tonnes de boue sont aspirés par an et rejetés à une heure et demie de navigation, face à Pornichet sur le site de la Lambarde : « C'est trop près : les vases reviennent sur la côte. »
Cette conjonction de phénomènes serait fatale : « Dans le fond, il fait nuit, il n'y a plus d'oxygène, les surfaces de laminaires ont été divisées par quatre en cinq ans. Plus de crevettes, et donc plus de poissons car ils fuient ces zones. »
Un programme scientifique à réaliser
Les deux compères de plongée veulent le vérifier scientifiquement. À l'automne dernier, ils ont donc fondé ELV, Estuaire Loire Vilaine, une association qui compte déjà une centaine de membres. ELV a élaboré un projet d'étude scientifique sur les laminaires et leur évolution en fonction de la qualité des eaux. D'un coût de 170 000 € (1) pour la première année, ce projet serait confié au musée de Concarneau et à deux entreprises privées, Biolittoral et Stermor.
Source :
http://www.saint-nazaire.maville.com/ac ... 2_actu.Htm
Le site de l'association ’’Estuaires Loire/Vilaine’’ :
http://www.asso-loirevilaine.fr/
Raphaëla le Gouvello participe à ce projet au sein de l'association ( cf le dossier sur
http://www.windsurfonline.fr/ ) :
J’ai notamment aidé une association locale qui lutte pour la préservation des fonds marins et la qualité des eaux « Estuaire Loire/Vilaine » à monter un projet scientifique « Evaluation de l’état de santé des masses d’eaux côtières et fonds marins dans le secteur Loire-Vilaine et contribution à la mise au point d’un réseau opérationnel de suivi de la qualité des eaux côtières avec le bio-indicateur des laminaires ». Le travail vient de démarrer en collaboration avec Ifremer Nantes, la station du Muséum d’Histoire Naturelle de Biologie Marine de Concarneau et la société BioLittoral.
Je dois moi-même effectuer un inventaire et une synthèse des études et des données qui existent sur ce milieu côtier. Un chantier passionnant et indispensable, au cœur du sujet concernant une gestion intégrée des eaux côtières, des bassins hydrographiques,… un point de départ aussi pour mon propre projet. Les laminaires, c’est un peu notre forêt sous l’eau avec un rôle en matière de biodiversité (cf photo Ifremer) !…
Nous avons pu rendre possible cette étude pour ELV grâce à un financement mixte, avec la Fondation Total pour la Biodiversité, le groupe Séché Environnement, l’Agence des Aires Marines Protégées, l’Agence de l’Eau Loire/Bretagne et l’Institut d’Aménagement de la Vilaine.
Tout cela est long, parfois laborieux, il ne faut pas se décourager, surtout dans la morosité ambiante, y croire malgré tout. Bref, c’est comme une traversée océanique !